Etude sur le tic à l’appui et la communication animale
J’ai personnellement conduit une étude sur le tic à l’appui chez le cheval entre octobre 2019 et janvier 2021. Cette recherche a été réalisée auprès de chevaux ayant des modes de vie très variés. Mon objectif était d’observer l’impact de la communication intuitive animale sur cette stéréotypie.
Communication animale & comportements
La communication animale ne relève pas du comportementalisme, mais elle peut influencer les comportements en fonction de la manière dont elle est utilisée. Je travaille très souvent sur le rééquilibrage des comportements des chiens, chats ou chevaux pour leurs propriétaires par la communication animale intuitive.
Chaque animal développe un comportement pour des raisons qui lui sont propres. Même si le comportement peut sembler standardisé, sa cause précise est unique à chaque individu. Ce que le comportement révèle est spécifique à chaque animal. La communication intuitive animale permet d’apporter une réponse personnalisée à des comportements typiques.
La stéréotypie du tic à l’appui fait partie des comportements particulièrement préoccupants, car elle affecte l’état physique du cheval, ses performances, et peut même le mettre en danger. De plus, les solutions concrètes pour y remédier restent limitées.
J’ai donc mis en place cette « étude » sur le tic à l’appui chez le cheval.
Pour cela, j’ai élaboré un protocole de recherche observationnelle visant à être la plus objective possible. Je n’ai formulé aucune hypothèse initiale, mais je souhaitais simplement déterminer si la communication intuitive pouvait apporter une aide aux chevaux ayant développé cette stéréotypie.
Protocole
Protocole étude tic à l’appui
Un questionnaire initial a permis de recueillir des données quantifiables telles que le poids du cheval, la durée moyenne du comportement, et les performances, qui ont ensuite été réévaluées au cours de l’étude. Pendant la période d’observation du tic à l’appui, j’ai effectué des communications régulières avec chaque cheval. Les propriétaires ont joué un rôle d’observateurs, notant les évolutions de leur animal dans leur quotidien ainsi que dans le cadre de l’entraînement et des compétitions.
L’étude a été menée sur 8 chevaux avec des séances de communication en personne, et sur 2 chevaux supplémentaires avec des séances à distance, sur une période de plus d’un an.
Buts de l’étude
L’idée centrale de l’étude était de :
- Comprendre les motivations derrière le comportement,
- Identifier les similitudes et les divergences entre les cas observés,
- Évaluer l’impact de la communication intuitive sur ce comportement,
- Identifier les différentes étapes du changement (si celui-ci se produit),
- Estimer le temps nécessaire pour observer un changement (le cas échéant).
L’objectif était de déterminer si je pouvais offrir une solution efficace et bénéfique aux chevaux et de développer la meilleure méthode de travail possible pour les chevaux présentant ce tic, en utilisant la communication animale.
1° bilan intermédiaire
septembre 2020
Après près d’un an de suivi, voici le premier bilan intermédiaire sur l’évolution des chevaux participant à l’étude sur le tic à l’appui.
L’étude a débuté avec 8 chevaux :
- Deux chevaux de club,
- Un cheval appartenant à une propriétaire d’écurie/club,
- Une jument appartenant à une propriétaire d’écurie, en demi-pension,
- Une ponette de compétition en saut d’obstacles (CSO),
- Une jument de propriétaire amateur en concours complet d’équitation (CCE),
- Deux chevaux de dressage de niveau Grand Prix, suivis à distance.
Déroulement de l’étude
Deux chevaux ont rapidement quitté l’étude, car leurs propriétaires ne pouvaient pas consacrer le temps nécessaire aux comptes-rendus.
Ainsi, l’étude a effectivement été menée sur 6 chevaux, dont 2 à distance.
J’ai effectué des communications avec chaque cheval toutes les 6 semaines. Les premiers résultats significatifs ont commencé à apparaître vers la cinquième communication.
Deux juments ont cessé de tiquer au quotidien. Cependant, elles continuent à tiquer lors des repas et occasionnellement en réponse à un stress lié à une situation inhabituelle.
Deux autres juments ont nettement réduit le temps consacré au tic. Elles ne quittent plus leur activité spontanée pour chercher un support pour tiquer au pré. L’une d’elles a même considérablement diminué le temps consacré au tic, même lorsqu’elle est au box, bien qu’elle continue à tiquer pendant les repas.
Enfin, deux chevaux ont montré des progrès plus limités. Ils ont réduit le temps consacré au tic, mais seulement lorsque tout se passe bien et qu’ils sont au pré. La différence par rapport au point de départ n’est cependant pas significative.
A noter sur cette étude sur le tic à l'appui
Les changements observés concernant le tic à l’appui se sont accompagnés d’améliorations dans la disponibilité des chevaux au travail. Une meilleure concentration et une mobilisation accrue ont été notées, parfois de manière très marquée. La collaboration entre le cheval et la cavalière est devenue de plus en plus fluide et facile. L’état physique des chevaux s’est également amélioré.
À certains moments, certains chevaux de l’étude (trois, dont un pendant le confinement) ont montré des résistances au travail. Ne trouvant pas pertinent d’attendre la date prévue pour la prochaine communication intuitive, j’ai préféré réaliser une communication spécifique intermédiaire à chaque fois, afin de permettre à l’évolution de se poursuivre. Cela s’est avéré efficace.
2ème phase de l'étude
Pour la suite de l’étude tic à l’appui
Pour la suite de l’étude, j’ai modifié légèrement le rythme des communications. Pour les chevaux qui ne tiquent plus qu’occasionnellement (4 sur les 6), les communications animales auront désormais lieu toutes les 12 semaines, c’est-à-dire qu’ils n’en feront qu’une sur deux par rapport au rythme initial. Pour les deux autres chevaux, je maintiens le rythme d’une communication toutes les 6 semaines.
En outre, je vais intégrer deux nouveaux chevaux présentant le tic à l’appui afin de voir si, grâce à l’expérience acquise, il est possible d’aider ces chevaux de manière plus efficace ou si le processus nécessite “obligatoirement” un tel rythme.
Cette seconde partie de l’étude n’a pas pu se dérouler comme prévu. En l’absence de retours des propriétaires au-delà de la troisième séance, il m’était impossible de suivre l’évolution de ces deux chevaux.
J’ai donc décidé de mettre fin à cette étude, puisque ce second groupe avait été instauré pour valider le protocole en modifiant une des variables, à savoir l’intervalle de temps entre les séances de communication animale.
Néanmoins, malgré l’absence de ce second groupe, je considère avoir acquis l’expérience et les connaissances nécessaires pour mener à bien le travail de communication intuitive animale avec les chevaux présentant le tic à l’appui. Cela complète les utilités principales de la communication animale pour les chevaux.
J’ai officiellement mis un terme à cette étude début 2021.
Je tiens également à remercier tous les propriétaires qui m’ont permis de mener à bien cette étude.
L’IFCE a une fiche détaillée sur le tic à l’appui qui est très intéressante.